Teréga
REPower EU : L’Europe veut maîtriser son indépendance énergétique

REPower EU : L’Europe veut maîtriser son indépendance énergétique

Réduire rapidement la dépendance européenne vis-à-vis des combustibles fossiles russes et accélérer la transition écologique : c’est l’ambition du plan REPowerEU, initié au printemps 2022 par la Commission européenne. En ligne avec l’ensemble des opérateurs du secteur gazier français, Teréga se met en ordre de marche pour contribuer à atteindre ces objectifs, en intensifiant ses actions déjà lancées pour la transition et l’indépendance énergétique des territoires.

REPower EU : Réinventer la souveraineté énergétique de l’Union européenne

Dans un contexte géopolitique tendu, l’Union européenne souhaite rompre totalement ses approvisionnements de gaz en provenance de Russie à l’horizon 2030. « Pour s’en affranchir au plus vite, il faut trouver des alternatives d’approvisionnement, c’est tout l’enjeu du plan REPowerEU, explique Marie-Claire Aoun, Directrice Prospective et Relations Institutionnelles de Teréga. Dans un premier temps, il s’agira d’optimiser la fourniture de gaz naturel en provenance d’autres sources d’approvisionnement, mais à moyen terme la solution viendra du renforcement des filières renouvelables, comme le biométhane et l’hydrogène. »

Des leviers d’action à plusieurs niveaux

Avant même de penser aux approvisionnements alternatifs, REPowerEU table sur des efforts d’efficacité et de sobriété énergétiques dans les États membres. L’UE a adopté en juillet dernier un règlement prévoyant la mise en place de mesures coordonnées entre Etats membres pour réduire la demande gazière de l’UE. Le plan REPowerEU prévoit aussi de revoir les politiques de stockage d’énergie, pour s’assurer de disposer de réserves bien remplies en prévision notamment de la période hivernale.

« Ensuite vient la question des ressources de substitution, poursuit Marie-Claire Aoun. Dans un premier temps, il est possible de recourir davantage au gaz naturel liquéfié (GNL) livrable en Europe via des terminaux méthaniers existants. REPowerEU prévoit la mise en service de nouveaux projets d’unités flottantes de GNL (FSRU) situés au plus proche des zones de consommation, en Allemagne en particulier. 

D’autre part, il est aussi possible de recevoir du gaz par canalisations depuis des pays exportateurs comme l’Algérie ou l’Azerbaïdjan, mais les volumes resteront plus limités. Néanmoins, toutes ces options sont des solutions à court terme. L’avenir appartient aux énergies renouvelables. D’ici 2027, il s’agira de mobiliser le potentiel de production de biométhane, et à plus long terme, de développer intensivement la filière hydrogène. Deux secteurs dans lesquels Teréga apporte sa pierre à l’édifice. »

REPower EU rebat les cartes de la transition énergétique

Les objectifs actuels de la transition énergétique sont évidemment chamboulés par la conjoncture. L’actualité retardera malheureusement la mise en œuvre de décisions politiques de sortie des énergies fossiles comme le charbon, notamment en Allemagne. Toutefois, REPowerEU prévoit surtout la montée en puissance des énergies renouvelables, et fixe en la matière des objectifs encore plus ambitieux que ceux précédemment annoncés dans le plan "Fit for 55", qui visait déjà à réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030.

Plan RePowerEU

L’Europe à la manœuvre

Pour atteindre les objectifs de REPowerEU, l’Union européenne a annoncé des investissements supplémentaires de 210 milliards d’euros d’ici 2027 pour la suppression progressive des importations de combustibles fossiles russes, et plusieurs pays ont annoncé des soutiens publics au développement des filières renouvelables.

En France, 5 à 7 milliards d’euros sont sur la table pour développer la technologie hydrogène, sa production et son usage dans l’industrie et la mobilité. Les grands acteurs de l’énergie travaillent également à mettre leurs forces en commun pour bâtir les réseaux d’acheminement de demain.

Teréga moteur de l’accélération

La révision à la hausse des objectifs de développement du biométhane et de l’hydrogène sont indissociables du déploiement des infrastructures. Un domaine dans lequel Teréga va encore accélérer ses plans d’action : « Pour le biométhane, la technologie est mature. Il faut juste libérer ce potentiel, note Marie-Claire Aoun. En France, nous avons déjà tout un dispositif de raccordement et d’aides publiques pour soutenir le déploiement de solutions. Notre PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Énergie) prévoit 7 à 10  de la consommation gazière en biométhane d’ici 2030. Pour atteindre l’objectif de REPowerEU, soit 35 mmc par an, l’enjeu va être d’accélérer encore ce mouvement. »

Pour l’hydrogène, le développement des infrastructures sera l’un des principaux leviers d’accélération de la filière. « C’est une approche nouvelle, car le marché de l’hydrogène est encore naissant et il va donc falloir anticiper et planifier ces infrastructures pour pouvoir lier les zones de production et de consommation et réaliser des économies d’échelle, remarque Marie-Claire Aoun. »

Des études sont actuellement en cours pour convertir les infrastructures gazières actuelles au transport d’hydrogène. Avec la baisse progressive des consommations de gaz permise notamment par l’efficacité énergétique, la conversion de canalisations existantes permettrait de construire plus rapidement et efficacement le réseau hydrogène.  « L’European Hydrogen Backbone, futur réseau de 27 000 km à l’horizon 2030 et 58 000 km en 2040, sera ainsi constitué à 60 % d’infrastructures gazières reconverties, et seulement à 40 % de nouvelles canalisations, souligne Marie-Claire Aoun. Un schéma doublement gagnant, qui accélèrera sa construction tout en minimisant la facture pour le consommateur. »

Biographie de l’expert

Marie-Claire Aoun est Directrice de la prospective et des relations institutionnelles de Teréga. Elle est depuis janvier 2021 Présidente du consortium européen Gas for Climate. Titulaire d’un doctorat en Sciences économiques de l’Université Paris Dauphine (2008), Marie-Claire Aoun a été chargée de mission à la Commission de régulation de l’énergie entre 2008 et 2014, puis Directrice du centre Energie et Climat de l’Institut français des relations internationales (Ifri) entre 2014 et 2017. Elle enseigne aussi la Géopolitique de l’énergie à l’Université Paris Dauphine et à Sciences Po Paris.

Son profil Linkedin
Marie-Claire Aoun