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Marché du gaz : comment expliquer la hausse du prix du gaz en 2021 ?

Marché du gaz : comment expliquer la hausse du prix du gaz en 2021 ?

Il n’aura échappé à personne que le tarif du gaz, et de l’énergie au sens large, est à la hausse. Cela vaut pour toute l’Europe. Si, en France, le gouvernement a annoncé un blocage du prix du gaz pour l’année 2022, il faut cependant s’attendre à ce que le prix du gaz sur les marchés de gros continue de monter. Qu’est-ce qui explique cette « flambée » ? Quel impact sur les opérateurs d’infrastructures gazières comme Teréga ? Gros plan sur le fonctionnement du marché du gaz et les causes de cette hausse.

Marché du gaz, un contexte de hausse continue du prix

En juillet 2021, le tarif réglementé du gaz en France augmentait de presque 10% par rapport au mois précédent. Une augmentation du prix du gaz qui a été suivie par de nouvelles hausses : +5,3 % d’abord en août, puis +8,7 % en septembre, et +13,9% en octobre… Au point que le tarif réglementé du gaz – le tarif de référence pour la plupart des fournisseurs de gaz naturel en France – a atteint un niveau record. Sur le marché de gros européen EEX (indice PEG), on enregistrait ainsi un prix supérieur à 100 €/MWh en octobre dernier, quand il n’était « que » de 44 €, seulement deux mois et demi plus tôt. Un prix qui se maintient encore au-dessus de 90€/MWh en novembre.

Selon la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE), ce contexte de hausse constante des prix de gros européens du gaz perdure depuis le mois de mars 2021. Si, ces dernières années, on a pu constater des fluctuations régulières du prix du gaz, ces évolutions importantes sont à souligner car… elles risquent de se poursuivre !

Qui sont les acteurs du marché du gaz en France ?

Sur ce marché se retrouvent différents acteurs. En effet, si pour la majorité de leurs besoins et de leurs demandes, les consommateurs (foyers, entreprises, etc.) traitent souvent avec un seul interlocuteur – leur fournisseur de gaz – ces derniers ne sont pas les seuls acteurs du marché. En France, il se compose ainsi :

  • les producteurs de gaz qui sont, pour l’essentiel, d’importantes entreprises multinationales puisque la quasi exclusivité du gaz consommé aujourd’hui en France est du  gaz naturel importé depuis l’étranger. La majorité de ces importations proviennent de Norvège, des Pays-Bas et de la Russie ;

  • les fournisseurs de gaz (Engie et des fournisseurs dits « alternatifs ») ;

  • les gestionnaires du réseau de transport et de distribution (GRTgaz, Teréga, GRDF, etc.) ;

  • les gestionnaires de stockage de gaz (Storengy, Teréga) ;

différentes instances de contrôle dont la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) – autorité administrative indépendante qui veille au bon fonctionnement du marché libre de l’électricité et du gaz –, le médiateur de l’énergie ou encore la Direction Générale de l’Energie et du Climat (DGEC)…

Comment fonctionne le marché du gaz en France ?

Globalement, le marché du gaz fonctionne selon le principe de l’offre et de la demande, qui illustre les sources d’approvisionnement du gaz et ses débouchés. On a ainsi, d’un côté, les « sources » qui sont issues :

  • du déstockage,

  • des importations terrestres,

  • des importations de gaz naturel liquéfié dites GNL.

De l’autre côté, les débouchés possibles sont :

  • le stockage,

  • la consommation des clients finaux,

  • les exportations.

Sur ce marché, les acteurs disposent de deux possibilités pour faire des achats de gaz :

  • en gré à gré : un contrat de long terme est passé entre deux acteurs en bilatéral, ou via un intermédiaire (courtier ou broker), historiquement indexé sur le prix du pétrole ;

en Bourse : les échanges entre acteurs de marché s’opèrent en France au PEG (Point d’Echange de Gaz). Ce PEG est celui de la TRF (Trading Region France), zone de marché unique en France depuis 2018.

+54 %

C’est la hausse du prix du MWh, en France, entre le 10 août et le 23 septembre 2021. (Source : Tarif-Gaz)

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Augmentations du tarif réglementé du gaz en France en trois mois (+10%, +5,3%, +8,7%, +12,3%)

99 %

C’est la part de l’importation de gaz dans la consommation de gaz en France.

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Gestionnaires du réseau de transport de gaz en France : GRTgaz et Teréga.

Quelles sont les causes de la hausse des prix du gaz ?

Cette augmentation constante des prix du gaz naturel est le résultat de la concordance de plusieurs facteurs.

Le premier concerne la météo

En effet, la fraîcheur du printemps a fait diminuer les stocks de gaz jusqu’en mai et retardé la campagne d’injection. Avant l’hiver, on assiste donc à une forte demande en Europe pour remplir les stockages. Par ailleurs, cet automne, la production d’électricité renouvelable a été en berne pendant plusieurs semaines, ce qui a fait grimper la consommation de gaz pour produire de l'électricité.

Le deuxième concerne la conjoncture économique

Le ralentissement de la crise sanitaire a favorisé la reprise économique mondiale. Celle-ci se traduit notamment par une forte demande en Asie où le gaz supplante de plus en plus le charbon en raison des politiques environnementales, notamment en Chine. Ce qui attire massivement les flux de gaz naturel liquéfié (GNL) et tire les prix à la hausse.

Le troisième facteur majeur est géostratégique

En effet, la construction du gazoduc reliant la Russie à l’Allemagne par la mer Baltique – Nord Stream 2 – est achevée mais sa date de mise en service est bloquée par le régulateur allemand. Une incertitude qui génère de l’inquiétude et donc une tension sur les prix du gaz. Dans le même temps, la Norvège et la Russie, principaux fournisseurs de l’Europe et de la France, ne sont pas en mesure d’augmenter leurs exportations pour répondre à la demande. En parallèle, le gazoduc Maghreb-Europe est fermé depuis le 1er novembre sur fond de tensions Algérie-Maroc.

Les prix du gaz intègrent toutes les informations disponibles publiquement et reflètent donc l’évolution envisagée par les acteurs du marché sur les prochains mois. Depuis plusieurs semaines, la tendance est claire : les prix vont rester élevés jusqu'à la fin de l’hiver (au-dessus de 90€/MWh) et ne devraient pas redescendre vers la marque des 40€/MWh avant le mois de mai.

Quelles conséquences pour un acteur du gaz comme Teréga ?

Les évolutions croissantes récentes du prix du gaz n’ont pas d’impact direct sur Teréga et notre activité. Quand nous achetons du gaz (besoins propres, équilibrage du réseau…), nos coûts sont reconnus par la CRE et donc couverts par le tarif. En revanche, nos clients fournisseurs d’énergie (expéditeurs) sont, eux, beaucoup plus exposés par cette hausse des prix. Si le niveau de leurs souscriptions de capacités dans nos infrastructures n’a pour l’instant pas été impacté, ils pourraient cependant choisir de prendre moins de risques, si la situation perdure…

Nos clients raccordés (industriels) pourraient également être impactés : leur facture énergétique pourrait à terme les inciter à réduire leur consommation de gaz. Enfin, pour Teréga, cela pourrait aussi se traduire par des souscriptions de capacités de stockage à moindre prix.

Le rôle du stockage de gaz en France est primordial pour atténuer l’effet de la hausse des prix, car il permet de garantir une distribution sur l’ensemble du réseau, même en période de pics de consommation (ex : périodes de froid sans vent). Sans un stockage contrôlé, le prix du gaz varierait d’une saison à l’autre, ce qui aurait un fort impact pour les clients particuliers et professionnels.